Rapport
sur la matinée du mardi 7 mars
Construction
de bassins / Matériaux / Ombrage / Agitation
Météo : Vent
et poussière sur Agharous
Président
de séance (modérateur) : Moussa DJABATI
Rapporteurs : Marie José LANGLADE, Sonia SALES
Ouverture de
séance : Annick Destiné propose l'envoi d'une lettre d'amitié à
Ripley Fox avec signature de chacun.
Annonce du programme
: · Gilles Planchon annonce le programme du jour : méthodes de construction
de bassins et récolte ·
Issouf Ag Maha
annonce le programme de la semaine : Clôture du colloque jeudi midi.
Puis balade en chameau fin d'après midi, journée 4x4 le lendemain,
d'Agharous (N-O Agadez) à Tiguidit (S Agadez), en passant par le
site des dinosaures.
Nous entrons
dans le vif du sujet de la matinée : Trois personnes sont invitées
à présenter en 20 min leur expérience dans la construction des bassins
: ·
Yves Lesenne
au puits de Bermo (Niger) ·
Peter Schiling (Canaries) ·
Gilles Planchon (France)
Intervention
d'Yves Lesenne : Bermo est un endroit désert, à 900 km de Niamey,
où la technologie Technap (technologie appropriée) ne s'adapte pas.
Il rappelle la norme de bassin durable : matériau en dur, chape
en béton, grillage au fond du bassin, semelle en béton. Il présente
les trois types de bassins utilisés et les contraintes : ·
- En dur : cela demande des moyens financiers, et des compétences
locales ·
- En banco : cela est possible hors saison des pluies ·
- En banco
+ argile ou banco + plastique : cette solution semble la plus adaptée
à la spiruline et au site de Bermo.
La construction d'un bassin se prévoit, et se fait en une fois,
avec une équipe préparée Les murs sont construits en parpaings sur
deux étages (pour assurer l'ombrage et se protéger du vent) sur
une semelle de béton. L'enduit est une préparation, "le gobeti",
un ciment gras que l'on prépare mouillé le soir, à la fraîche, et
que l'on pose avec une armature type grillage à poule, pur empêcher
le craquellement. De façon à contrôler l'ensoleillement, un système
mobile pour l'ombrage serait à envisager. L'agitation doit se faire
aux heures les plus chaudes, d'où des réticences pour faire l'agitation
manuellement. Les systèmes tels des pompes fonctionnant sur 12 volts,
alimentées par des panneaux solaires de petite taille (coût : 200€,
durée de vie : 10 ans), peuvent être envisagés. Dès que l'eau chauffe
suffisamment, les pompes se mettent en marche.
Réactions à
cette communication :
Marc Boritch : quelle est la puissance du panneau solaire ?
Moustapha : l'eau stagnante pose problème dans les bassins en banco.
Christian : demande de fiche de construction d'un bassin en dur
Alassan et Issouf : interrogation sur l'étanchéité des bassins en
carrelage
Vincent Guigon : tenir compte de l'échelle du bassin. Pour un bassin
de grande taille, il faut envisager un matériau en dur, une séparation
médiane pour l'agitation, une légère inclination du fond, des bâches
type bâches à camions alimentaires (densité environ 570g), munies
d'un treillis, pour l'étanchéité. Pour un bassin en banco, on prévoit
une durée de vie de 5 à 7 ans, l'ombrage dépend du site. Deux questions
: un matériau type géobéton (latérite + ciment) est-il une alternative
aux parpaings ? Quel est le coût d'1 m2 de bassin ? Germain : il
fait état de l'ajout, au Bénin, de 10% de ciment à l'argile pour
le banco. Il s'interroge sur la façon de poser l'enduit.
Gilles : il fait du ciment avec de l'argile + chaux.
Casimir : quel ombrage adaptable ?
Réponses : ·
On joue sur l'inclinaison des panneaux solaires pour régler la puissance.
· Il y a différentes qualités d'argile, on peut la renforcer par
l'ajout de sable. Pour l'entretenir, il faut arroser le banco régulièrement.
Le problème d'étanchéité dans les bassins en carrelage vient des
fissures sur les bords. On utilise des produits type l'encofugant
222 pour " glacer " les surfaces et étanchéifier le bassin. On peut
aussi utiliser des bâches (Jean Denis). · Le géobéton est fait de
briques compressées ·
Une recommandation : se méfier avec les bâches, de l'effet de serre
trop important par grande chaleur.
Intervention
de Peter Schiling :
Peter
se présente. D'origine allemande, ingénieur en mécanique, il décide
de partir aux Canaries à Puerto Ventura, région très ventée, en
tant qu'agriculteur, découvre le métier et se heurte aux aléas climatiques.
Muni du manuel de Jean Paul Jourdan, il se lance dans la culture
de spiruline, et particulièrement dans l'ingénierie de la culture.
Au bout de 3 ans de recherches et mises au point, Peter a construit
un bassin de 40m2, en plastique polyester, presque hermétique (pour
parer au vent, très peu d'évaporation), avec une séparation en plastique
au milieu du bassin. L'agitation est faite avec une roue à aube,
un système de 3 roues et de palettes installées en quinconce, de
façon à éviter les vibrations. Le système doit être minutieusement
réalisé, et stable. Il est d'un diamètre de 35 cm. La roue à aube
est installée de façon à être réglable sur la profondeur du bassin,
et ainsi permettre d'agiter le fond. Le moteur utilisé doit travailler
lentement : des moteurs type moteurs de scies électriques, prévus
pour 220 volts, peuvent tourner très lentement sur 12 volts, et
durer plus longtemps. En connexion directe avec le panneau solaire,
ils n'ont pas besoin de batterie, mais se mettent en route doucement,
à l'arrivée du soleil.
Réactions à
cette communication : Gilles :insiste sur la qualité de la spiruline
de Peter. Il met en avant le côté novateur des procédés de Peter,
son ingénierie, sa minutie et son observation attentive du produit
qu'il cultive
Kamel : les bassins étant fermés, faut-il ajouter du CO2 ?
Germain : quelle est la profondeur de frappe des pales de la roue
à aube ?
Jean Denis : pourquoi abandonner le balai ?
Alpha : quel est le coût du système ?
Vincent G.: deux questions :
1/ la nuit, la culture respire. Comment ne manque-t-elle pas de
O2 ?
2/ combien prévoir d'agitateurs et quelle est la consommation ?
Mahamat : quelle est la vitesse idéale d'agitation ?
Jean Paul :trois questions :
1/ combien peut-on alimenter de m2 de bassin avec 1 m2 de panneau
solaire ?
2/ combien faut-il d'eau par kg de spiruline en été ?
3/ qu'en est-il de l'agitation par rapport aux boues ?
Germain : le système de Peter lui paraît intéressant pour le milieu
africain, récupérateur et habile.
Maria (Charito) : quelle est la qualité de l'eau ?
Réponses : ·
Peter met du CO2 dans le milieu, mais n'en rajoute pas du fait que
son système est quasi fermé, il utilise la diffusion naturelle.
· Pour un bassin de 18 cm de fond, on immerge la roue jusqu'à 8
cm du fond · Le coût dépend du matériel utilisé et par économie,
privilégier le matériel recyclé. Le coût en temps est important.
· La spiruline ne manque pas de O2 dans ce système : les quelques
fuites permettent des mouvements d'air suffisants. D'autre part,
la spiruline ré-utilise ses réserves de CO2 faites dans la journée,
et se met en hibernation la nuit. · Un seul moteur suffit, basé
sur 220 Volt. Il consomme 25 watt en 12 Volt · La vitesse idéale
d'agitation est 20 cm/s. On peut calculer le nombre de tours en
fonction du diamètre de la roue. · Pour un bassin de 45 m2 et une
consommation de 25 Watt, un panneau solaire de 60 cm x 60 cm suffit
· Dans les bassins de Peter, il n'y a pas de boue car pas de calcium
PAUSE
Intervention
de Gilles Planchon : Gilles positionne son propos dans l'optique
culture familiale. Il présente le bassin construit à Agharous, en
banco, équipé d'une bâche à puiser l'eau (locale, environ 100€).
Le système d'ombrage est adapté aux conditions du désert, pour limiter
l'évaporation : une couverture en paille tressée, et sur le bassin,
une bâche en plastique transparent. L'agitation est manuelle. Le
bassin est de forme arrondie aux angles, le fond légèrement incliné
vers le centre, pour faciliter l'agitation. On augmente progressivement
la culture de 25% tous les jours, afin de limiter le stress. La
transformation des boues est accélérée lorsque l'on rajoute du sable
et de l'argile au fond du bassin. L'argile nettoie et en plus, stimulerait
le métabolisme de la spiruline (référence à une expérimentation
en Asie). Gilles s'appuie sur l'observation dans la nature (dans
les lacs naturels, la différence de température entre les bords
et le centre favorise l'agitation et l'argile est toujours présente)
pour étayer son propos. A l'échelle familiale, Gilles préconise
donc un bassin en argile, humidifié, avec ajout de brique pilée
pour l'étanchéité (" à la romaine " ). Il prévoit une bâche plastique
si l'argile n'est pas bonne . A cette échelle, dès lors que l'on
ne recherche pas de rentabilité, l'agitation ne lui paraît pas nécessaire
pourvu que l'ombrage soit contrôlé. Toujours à l'image du milieu
naturel, il observe que la spiruline se réfugie à l'ombre, aux bords
des lacs. Il évoque aussi le rôle probable de la lune. Soit, pour
un bassin familial d'une taille de 5 m2, en privilégiant la sécurité
et non la rentabilité , pour 1000 l de culture : · Prévoir l'ombrage
· 1 bouchon d'urée pour 100 l · Du NPK (une dose) · du natron pilé
(densité 1) Pas besoin de pHmètre, thermomètre, balance. Tous les
ingrédients sont pré-dosés. Les milieux de croissance sont préparés
pour 100l avec des ingrédients connus. Il n'y a pas d'enrichissement
ultérieur.
Réactions à
cette communication :
Germain : trois
questions
1/ l'argile rouge limite-t-il l'apport en fer ?
2/ la brique pilée est-elle cuite ?
3/ on ne peut pas se passer de microscope ?
Jean Paul : trois points sont soulevés
1/ pas de corrélation observée entre le cycle de la spiruline et
celui de la lune
2/ une réserve par rapport à l'utilisation d'argile qui serait porteur
de microbes et aussi poserait problème pour l'agitation
3/ concernant le "message" fer, la spiruline émet des sidérophores.
Roger : il se montre très sceptique quant à l'exploitation familiale.
La motivation existe-t-elle vraiment ? le souci du bien-être des
enfants ne passe pas par la spiruline aux yeux des locaux. Ils ne
voient pas leur bassin de spiruline comme ils voient leur jardin.
Professeur de Niamey : il s'interroge sur trois points
1/ les phases de la photosynthèse
2/ le rôle du sable
3/ le bien fondé de la culture à l'échelle familiale Mahamat : l'argile
est-elle assimilable par la spiruline ?
Tona : avec l'argile, on trouve des microbes au fond des bassins
Mahamat : il évoque la qualité de l'argile
Jean Denis : il y a une demande de culture à l'échelle familiale,
mais il y a un problème d'intrants
Yves : il propose une formation à l'échelle locale, qui serait ensuite
essaimée, par les gens formés, les responsabilisant dans le développement
de cette culture.
Gilles : il suggère d'intégrer le compost du jardinier à la spiruline
Yves : évoque le brassage naturel avec le vent
Claude : émet des réserves sur l'utilisation des éoliennes avec
lesquelles on ne peut réguler la vitesse. Seul un vent permanent,
régulier et faible permettrait un bon brassage. Il faudrait alors
choisir des hélices (type hélices de Darius) dont les lames s'orienteraient
en direction du vent
Vincent G : il ajoute que les éoliennes posent un problème d'entretien
Réponses : ·
L'argile : l'argile rouge limite l'apport en fer ; on n'ajoute pas
de sucre dans les bassins en argile ; la brique pilée utilisée est
celle vendue pour étanchéifier les bassins, pilée très fin . L'argile
se stérilise avec le soleil , elle est bactéricide. On l'utilise
pour soigner des abcès. Les outils : il est important d'aller de
temps en temps en laboratoire observer au microscope, pour contrôle.
La formulation : s'adressant à des éleveurs, Gilles évoque l'élevage
de la spiruline. · La lune : l'influence des phases de la lune alimente
un petit débat. Marc signale qu'en Asie, on démarre la culture en
phase montante. ·Sur l'aspect "message" : l'argile donne
le message de la terre, elle est un catalyseur pour la spiruline
et la silice donne le message des minéraux · La culture familiale
: les avis sur la motivation sont partagés. Pour ce qui est des
intrants, le compost du jardinier pourrait apporter le CO2, l'azote,
l'amonium · L'agitation : le brassage par le vent laisse dubitatif
du fait du non contrôle de sa vitesse, et de l'entretien trop draconien
que nécessitent les éoliennes.
En conclusion
La réunion se
termine par :
- la présentation
du livre de Gilles et Maria (Charito) : la spiruline pour tous,
culture familiale
- l'annonce
des ateliers de l'après midi animés par :
o Peter Schiling : la roue à aube
o Yves Lesenne : les bassins
o Gilles PLanchon : approche de la culture de la spiruline
- l'évocation
de la mise en place de collectifs nationaux et internationaux pour
le développement de l'aliment spiruline comme production agricole
locale avec le respect de chacun dans son domaine. Une réunion aura
lieu le lendemain 8 mars, journée de la femme, en soirée.